21h32 : Affalé dans
mon Chesterfield j’observe la pluie marteler les carreaux de mon appartement
parisien. Ces soirées d’automne me dépriment, me rappellent à quel point je
suis seul. J’initie un mouvement de rotation au niveau de mon avant bras,
relayer par les oscillations de mon poignets. Je regarde le liquide doré lécher
les bords du verre. J’enfonce mes orteils dans l’épaisse moquette. Mon univers
commence à tournoyer, et tout en approchant mon verre de mes lèvres j’hume les
parfums de malt de mon whiskey. J’allume une Camel, et j’aspire à plein poumons
la fumée. Des volutes aux formes énigmatiques s’échappent de ma bouche.
22h17 : Un terrible
bruit résonne dans l’appartement. J’ouvre les yeux... Un mauvais rêve sans
doute. Et puis non, cela recommence de nouveau. On frappe à la porte. Je porte
les mains à mon visage, essayant d’émerger, d’évacuer l’alcool qui m’enivre. Je
prends appuis sur l’accoudoir du canapé de cuir rouge, et me dirige
difficilement vers la porte d’entrée, qui ne cesse d’émettre un bruit sourd.
Après avoir défait le verrou j’ouvre et tombe nez à nez avec une belette.
22h18 : Je me
souviens à peine de mon nom, et voilà que l’autre en face s’agite. Je ne la
connais pas. Enfin je ne m’en souviens pas ; Elle sert contre elle un
paquet. Je lui indique un fauteuil et je m’affale à nouveau sur le canapé.
J’allume une autre clope. A voir son visage ça à l’air important. Elle me parle
d’un truc, mais je ne fixe rien. Je prends sur la table le tube d’aspirine que
je verse dans mon restant de whiskey. C’est marrant ça fait des bulles. Je bois
la mixture... Mais au fait c’est qui cette gonzesse.
0h41 : La nenette
s’appelle Sophie, une belle blonde aux yeux noisettes. Elle me parle de son
père, un ancien prof d’histoire. Du lourd à priori. Il faisait de la recherche sur
un manuscrit égyptien du XI ème siècle, un truc qui allait ébranler un pan
complet de l’humanité. Et hop on l’a flingué. Une bastos de 38 entre les deux
yeux. Ca arrive et à la rigueur je m’en fou. Ce genre d’histoire je connais
trop bien. Un nid à merde. Le seul problème c’est que l’enveloppe en kraft que
tenait sur ses genoux la belette depuis une heure et demi, portait mon nom...
0h50 : Je regarde la
gonzesse. Elle est sur le point de chialer. Elle me regarde avec ses yeux de
biche. J’ouvre l’enveloppe.
Cher Panic
Si vous lisez cela c’est que je suis
mort. Vous ne me connaissez pas mais j’ai autrefois appartenu à la même loge
que vous. J’ai un service que je ne peux confier qu’à un frère anonyme, et vos
états de service vous ont précédés. C’est pour cela que je me tourne vers vous.
J’ai découvert que l’un des piliers de l’humanité reposait sur du bluf. Je vous
demande de continuer mon travail. Seule une personne à l’esprit aussi aguerrit
que le votre pourra le poursuivre. Si vous acceptez de me rendre ce service la
totalité de mon héritage vous reviendra de droit. Ma fille Sophie et mon
notaire Maître Klein vous assisterons et authentifieront vos résultats. C’est
aussi eux qui vous remettront mon héritage.
Je suis surveillé ainsi vous comprendrez que
je doivent continuer cette lettre de façon codée.
Evzzy dkazh sdssq
Docteur Leblois
0h55 : Ca avait l’air
plutôt intéressant, et ça pouvait rapporter pas mal. Après tout on me demandait
simplement de réfléchir, alors pourquoi pas...
Je me lève, j’ouvre le coffre et
je prends mon Glock. Un 9mm qui m’a bien souvent dépanné. Je prends aussi un
couteau, une lampe torche et quelques autres babioles. Après tout on ne sait
jamais. La gonzesse se lève à son tour, un peu surprise. Puis elle m’interpelle.
Mais ou va-t-on ?
Je la regarde et souri. Et bien
ma chère Sophie si on commençait par le ???
Mais oui ça ou vais je????